À Grenoble, « la suppression des publicités va profiter aux commerces de proximité »
Le contrat unissant le groupe spécialisé dans la publicité urbaine JCDecaux et la ville de Grenoble prenant fin le 31 décembre 2014, la capitale des Alpes a décidé de ne pas renouveler l’appel d’offres et de procéder au retrait des 326 panneaux publicitaires sur l’espace public. À la place, une cinquantaine d’arbres seront plantés et l’affichage libre, municipal et citoyen, sera promu.
3 questions à… Lucille Lheureux, adjointe chargée des espaces publics de Grenoble.
Comment êtes-vous arrivés à la décision de supprimer la publicité dans l’espace public ?
C’était l’un de nos engagements de campagne. Nous souhaitions, d’une part, supprimer progressivement la publicité dans la ville et, d’autre part, multiplier l’affichage libre. Dans un premier temps, il s’agit de libérer l’espace public au profit d’un embellissement de la ville : à la place des panneaux, des arbres seront plantés ; les habitants pourront jouir de nouveaux points de vue sur les montagnes – actuellement, les panneaux bouchent cette vue – ; le commerce de proximité n’aura plus à pâtir de la concurrence des grands groupes qui, aujourd’hui, sont les seuls à pouvoir se payer cet affichage publicitaire. Dans un second temps, nous imaginons mettre en place un nouveau dispositif d’affichage : dans notre ville, nous voulons voir de l’information culturelle, citoyenne, associative…
Par ailleurs, la publicité traditionnelle par affichage n’étant plus assez rentable, l’affichage publicitaire est entrain de se réinventer, et cela passe notamment par la mise en place d’écrans publicitaires animés [qui sont énergivores]. Nous préférons arrêter tout contrat plutôt que de nous engager dans la dérive d’avoir toujours plus de publicité et notamment toujours plus d’écrans publicitaires numériques. Grenoble n’est pas Las Vegas.
Je pense que d’autres villes vont faire le même choix que Grenoble de sortir de cet affichage publicitaire plutôt que d’accepter la multiplication des écrans numériques.
Concrètement, comment va se passer cette fin de contrat avec l’entreprise JCDecaux ?
Le contrat qui lie la ville à la société JCDecaux pour l’affichage publicitaire sur l’espace public se termine le 31 décembre 2014 et ne va pas être reconduit. Les employés de JCDecaux vont venir démonter et récupérer le mobilier, soit 326 panneaux. En revanche, le mobilier publicitaire des arrêts de tram et des arrêts de bus va persister, car le contrat qui lie JCDecaux à l’agglomération pour ces espaces court jusqu’en 2019. De même, l’affichage dans l’espace privé – sur les façades, dans les jardins, etc. – va perdurer, du moins encore pour un temps. Pour le supprimer, il faut faire une modification ou une révision du règlement local de publicité. Au mois de décembre, le conseil municipal de Grenoble va lancer cette révision.
Que prévoyez-vous concernant les pertes de revenu pour la ville, les pertes d’emploi, et la perte de marché pour les commerçants ?
La redevance à laquelle Grenoble aurait pu s’attendre en installant ces écrans animés dans l’espace public s’élève à 150 000 euros maximum par an. Cette redevance dont on se prive est à relativiser au regard du budget municipal global. C’est un montant assez faible si on le compare aux 190 000 euros que nous avons économisés en huit mois, rien qu’en diminuant le train de vie de la mairie – en supprimant des voitures de fonction au profit de vélos, en diminuant les frais de réception, etc.
Il est vrai que cette décision peut entraîner une perte d’emploi du côté de JCDecaux. Cependant, il ne faut pas oublier que nous allons créer de l’emploi, car il y aura de nouveaux espaces mobiliers à entretenir.
Aujourd’hui, il n’y a essentiellement que les grands groupes qui peuvent se payer des espaces publicitaires dans les villes. La suppression de ces derniers va donc permettre aux commerces de ville de gagner en visibilité et de mettre en valeur leur commerce.
Propos recueillis par Pascal Greboval et Diane Routex