Agriculture

Slow Food : le bonheur est d’abord dans l'assiette



Le mouvement slow trouve son origine en Italie, dans l’assiette précisément. Il était une fois…

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Texte à déguster lentement en écoutant Shine On You Crasy Diamond (Pink Floyd)

Début des années 1980. L’Italie est encore sous le charme et dans le confort des trente glorieuses. Elle est rentrée quelques décennies plus tôt dans la société de consommation ; les Italiens font alors aveuglément confiance à l’industrie qui les inonde de produits alimentaires bon marché. Beaucoup oublient leur vénération historique du « Mangiare bene ». Quelques amis, les uns historiens, les autres philosophes ou simples amateurs de bonnes choses, créent la libre association des amis du Barolo, ce vin illustre emporté comme tant d’autres dans une course à la quantité. L’association, sous le nom d’ « Arcigola », prend déjà conscience que son combat doit s’orienter vers la promotion d’une autre façon de vivre et de consommer. Son credo, proposer des « prodotti buoni, puliti e giusti », trois adjectifs qui résument bien l’éthique des créateurs : de bons produits pour le plaisir des papilles ; propres, c’est-à-dire cultivés et transformés dans le respect de la planète et de la biodiversité ; justes, tant par les prix payés au producteur que par les conditions de travail dont il est issu. Arcigola devient peu à peu une œuvre philosophique, culturelle, militante et éducative. Le nom « slow food » apparaît plus tard, en pied de nez verbal, lors d’une manifestation organisée en réaction à l’installation d’un MacDonald sur la Place d’Espagne à Rome. La présence de Marcello Mastroianni et d’autres figures connues propulse Arcigola, et son président Carlo Petrini, sous le regard des médias. Les adhérents se multiplient. L’association prend officiellement le nom « Slow Food » à Paris lors des premières rencontres internationales en 1989 et adopte l’escargot pour emblème.

Vers une philosophie citoyenne globale

Le petit groupe de défense d’un cépage du Piémont va se transformer en quelques années en un mouvement citoyen, politique dans son sens le plus large, fort de 100 000 membres répartis dans 150 pays. Slow food s’installe au centre d’un véritable bouillonnement d’initiatives diverses, résolument originales. Voyons plutôt.

« L’Arche du goût » est née en 1996. Il s’agissait alors de répertorier les denrées comestibles menacées par la standardisation et par la mainmise de l’industrie agroalimentaire. Les produits les plus fragiles du recensement, appelés « Sentinelles », font l’objet d’un projet de sauvegarde. Le porc noir de Bigorre, la lentille blonde de Saint-Flour, le chou de Lorient ainsi qu’une quinzaine d’autres produits de terroir français ont été sauvés sous l’impulsion de Slow Food.

La Fondation Terra Madre voit le jour en 2004. Elle réunit des professionnels de toutes origines et compétences qui veulent agir pour encourager des méthodes durables et soutenir les petits producteurs, mais aussi changer le système qui les met en danger. Slow food s’engage dans le combat anti-OGM, pour une pêche artisane (slow fish), contre l’accaparement des terres d’Afrique pour une réorientation de la PAC (politique agricole commune), pour la sauvegarde des fromages au lait crû, des abeilles menacées par les pesticides, contre le gaspillage alimentaire, pour des villes durables, etc. Slow Food a largement dépassé le thème de l’alimentation pour s’inscrire aujourd’hui dans le mouvement écologiste mondial.

Adhérer à Slow Food

Chacun peut adhérer au mouvement de manière individuelle. Le prix d’une adhésion varie de 20 à 50 € suivant l’âge et la situation professionnelle. Mieux encore, pourquoi ne pas envisager de créer un groupe local, appelé « convivium » (cum vivere, vivre ensemble en latin) ? Slow Food est en effet organisée autour de 1500 conviviums indépendants, dotés d’une très grande liberté d’action. Chacun sert de relais entre une région et l’organisation internationale et se voit chargé de sensibiliser la population aux bienfaits d’une alimentation saine et locale, par l’animation et l’organisation d’événements (« les ateliers du goût » en sont un exemple). Pour se lancer, il suffit de rassembler quinze adhérents, de définir une liste d’actions locales, d’adresser la demande à lucia@slowfood.fr et de signer le Protocole Slow Food par lequel le convivium s’engage à respecter les principes fondamentaux du mouvement. Pour un monde un peu plus buono, giusto e pulito !

 

Par Jean-Claude Mengoni

 

Extrait du dossier de Kaizen 14.

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Le 16 juillet 2015
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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