Énergie

Vauban, à la pointe de la transition énergétique



La ville allemande de Fribourg-en-Brisgau se situe à 20 kilomètres de la frontière française. Elle offre un modèle de transition énergétique à l’échelle urbaine. Elle est notamment connue pour son écoquartier Vauban, pionnier mondial.

1992 : les militaires français qui occupent la caserne Vauban depuis 1946, à Fribourg-en-Brisgau, lèvent le camp. Vingt ans plus tard, les groupes d’étude — étudiants, urbanistes, élus — affluent toujours avec une certaine dévotion pour visiter le premier écoquartier du monde. Nombre de ces touristes studieux proviennent de France : la ville allemande du land de Bade-Wurtemberg est située à 20 kilomètres à peine de l’Alsace. Une proximité qui interroge sur le retard de l’éclosion de tels projets dans l’Hexagone, tout en distillant un certain espoir : la frontière est si proche…

Quartier Vauban

Fribourg n’est cependant pas une voisine comme les autres. Pionnière de la lutte anti-nucléaire dès les années 1970, foyer de contestation et d’innovations, elle porte aujourd’hui l’étendard de « ville solaire ». Elle affiche une des plus fortes pénétrations européennes en matière d’énergie photovoltaïque.

Vauban mise sur les bâtiments sobres

En 1996, la ville entame l’érection du quartier Vauban, sur 34 hectares d’anciens terrains militaires. Son ambition est de le rendre exemplaire, à l’heure des défis de l’urbanisme écologique. L’un des objectifs pilotes : la sobriété des bâtiments. Ils contribuent à près de la moitié des consommations d’énergie en Europe occidentale.

Le quartier Vauban a imposé la « basse consommation » aux logements — pas plus de 65 kilowattheures par mètre carré et par an (kWh/m2 par an), soit une division par trois environ par rapport à un habitat ancien classique. Et quelques-uns vont jusqu’au standard « passif » (15 kWh/m2 maximum). Ils sont regroupés en bandes, souvent dans de petits bâtiments comptant jusqu’à quatre étages. Leur organisation contribue à la densification de l’habitat tout en préservant de nombreux espaces verts. La plupart des toitures comportent des capteurs solaires pour l’eau chaude sanitaire et des panneaux photovoltaïques. Vauban compte 2 000 logements. Beaucoup sont desservis par un réseau de chaleur majoritairement alimenté par une chaudière à granulés de bois. Près de 70 % de la consommation d’énergie — chaleur et électricité — est couverte par la production locale.

Vauban se déplace sans voiture

L’une des innovations majeures de Vauban tient à la quasi exclusion de la voiture — ce qui libère autant d’espace pour la vie de quartier, et sans risque pour les enfants. Les concepteurs ont eu une idée fructueuse, reprise dans plusieurs villes allemandes : les places de stationnement sont non seulement déportées à l’extérieur du quartier, mais il n’en a été prévu que pour le quart des habitants. Et les acquéreurs qui renoncent à la voiture voient le prix de leur appartement diminué de 20 000 euros environ, le coût d’une place de stationnement. Plus de la moitié des habitants de Vauban ont joué le jeu. En cas de nécessité (livraison par exemple), les véhicules peuvent pénétrer dans le quartier. Mais leur vitesse est limitée à 5 km/h. Les déplacements locaux se font donc à pied ou en vélo. Pour limiter les trajets les plus courants, Vauban est doté de magasins et de services divers. Depuis 2006, le quartier a été relié au centre-ville, distant de quatre kilomètres, par une ligne de tram.

Le quartier favorise de nombreuses dispositions environnementales : gestion des déchets, toitures végétalisées, etc. Il dispose aussi d’un système de gestion des eaux pluviales. Celles-ci retournent à la terre au lieu de gonfler les collecteurs d’eaux usées.

Vauban joue participatif

Les promoteurs de Vauban ont compris dès l’origine la nécessité d’associer la population à la conception du quartier, afin de rendre l’expérience durable. La phase initiale a vu intervenir de nombreux « groupes de construction », collectifs de futurs occupants définissant un projet d’habitat commun. Un « forum Vauban » a également été constitué, sorte d’agora où s’organise la participation citoyenne. Cependant, en raison d’un niveau de prix d’acquisition supérieur à la moyenne et de l’importance des mécanismes de cooptation qui ont contribué à l’érection du quartier, la mixité sociale souhaitée à l’origine n’est pas au rendez-vous. Fort d’une expérience de vingt ans, le quartier n’en constitue pas moins toujours une référence pilote internationale.


Extrait de Kaizen 2.

 


Passer à l’acte : Construire un plan de descente énergétique local

Lire aussi : La transition énergétique allemande

Le 14 septembre 2012
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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