Depuis ce dimanche 21 juin 2020, vous le voyez comment, le verre ? À moitié plein ou à moitié vide ? Je l’admets, c’est un faux dilemme, mais pour moi, la coupe est pleine ! Le solstice d’été, la Fête de la musique, la fête des pères et la restitution des travaux de la convention citoyenne nous promettaient pourtant un dimanche sympathique. Mais tels des éléphants dans un magasin de porcelaine, ils sont arrivés baïonnette au canon. L’air de rien, avec leur air sérieux, suffisant, ils ont créé, au mieux, les conditions d’un affrontement, au pire, le début de l’effondrement.
Roulements de tambour…
« Les citoyens du climat doivent redescendre sur terre », Vincent Beaufils, Challenges ; « Le retour de l’écologie punitive », Christophe Jakubyszyn, BFM ; « Tirer au sort cent cinquante Français… les faire travailler neuf mois sur l’écologie : le degré zéro du politique », Sophie de Menthon, France Info ; « Ce que vise la convention, c’est revenir à l’économie du confinement à perpétuité. Plus grave encore, la remise en cause de l’innovation », François Lenglet, TF1 ; « Les “gilets jaunes” ont accouché des Khmers verts », Yves Calvi, Canal+, etc. Et je ne reprends ici que les propos de journalistes éditorialistes, je vous épargne les envolées de certains politiques.
Depuis vingt ans, mon ami Fernand me montre un chemin spirituel qui me sort d’une perception duelle du monde. Il me sort de cette vision, alimentée par la catéchèse et le temps passé sur les chaises de l’école, qui se cristallise sur l’opposition entre le « bien » et le « mal », cette vision qui favorise la compétition au détriment de la coopération. Cette dualité nous pousse à tout opposer, y compris l’homme à la nature. En principe, je cherche la voie du milieu, je cherche à comprendre l’autre, à favoriser l’empathie, mais cette fois, je craque : quelle bande de cons !
J’ai conscience qu’en écrivant ceci, je fais le jeu du clivage, je leur donne raison, j’endosse le blouson qu’ils nous collent, de Khmers verts ! C’est comme si je perdais la bataille des idées ! Je ne devrais pas me laisser emporter par mes émotions, mes « affects », dirait Spinoza, je devrais plutôt prendre de la hauteur.
Mais ce dimanche 21 juin 2020, la température est montée à 38 °C en Arctique. Dès lors, comment ces journalistes surinformés peuvent-ils taire cette véritable alerte -eux qui les aiment tant habituellement – et lui préférer la défense d’un système mortifère, en dénigrant le travail de cent cinquante citoyens qui n’ont rien à gagner ? À défaut d’être neutres en carbone, qu’ils soient neutres dans leur traitement de l’information ! Car ces 38 °C en Arctique nous annoncent la couleur : une crise – environnementale et sanitaire – majeure approche, qui va faire passer le Covid-19 pour un rhume des foins.
Je n’ai jamais trop cru à la neutralité du journaliste, et il y a effectivement matière à critiquer, à mettre en perspective les travaux de la convention : ce serait un vrai temps d’intelligence collective. Mais atteindre aussi vite le point Godwin tue le débat.
Cette avalanche d’inepties me renvoie en 2011, quand, avec Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari, nous cherchions le nom de ce qui allait devenir Kaizen : nous avions posé le mot (R)évolution sur la table, avant d’écarter cette option, trop sanguinaire. Nous voulions atteindre la conscience par l’intelligence. Force est de constater que certains journalistes restent, en 2020, hermétiques au dérèglement climatique ! Que nous ne soyons pas tous d’accord sur les moyens pour affronter la crise environnementale, pourquoi pas : le débat est utile à la maïeutique. Mais comment partager, au moins, collectivement le constat si de tels influenceurs faussent la réflexion ! Vivent-ils à ce point hors-sol ? n’ont-ils pas de cœurs ? d’émotions ? Ils n’ont pas d’enfants, de neveux, nièces qu’ils regardent grandir en s’inquiétant sur leur avenir ?
Par chance, avant la (R)évolution, il nous reste les élections. Et, elles ont lieu maintenant, une semaine après ce fameux dimanche 21 juin.
Puissent les électeurs, électrices montrer par les urnes que la nation est, elle, consciente de la crise environnementale, et qu’elle attend de ses maires et acteurs politiques qu’ils mettent en œuvre des solutions. C’est un peu ce qu’indique le sondage réalisé après la restitution de la convention citoyenne : 74 % des Français approuvent les grandes mesures issues de la convention citoyenne pour le climat (or limitation de vitesse sur l’autoroute).
Le dimanche 28 juin 2020, un vote massif en faveur des programmes écologiques (quels que soient les partis de ceux qui les portent) prouverait finalement que les Français sont fin prêts pour cette (R)évolution verte et pacifique.