Agriculture

Bouche rigolote taille bavette saignante




L’anthropophagie c’est manger de l’anthropo. Comme ça de prime abord ça n’a pas l’air trop mauvais un anthropo, le mot ressemble à entrecôte. Mais, je ne vous apprendrai rien (sauf peut-être à Pascal le rédac chef), en vous disant qu’un anthropo c’est un humain ! Alors au restaurant évitez de crier : « Et mon anthropo saignant il arrive ?! », parce qu’être anthropophage de nos jours ce n’est pas très bien vu. Parmi les derniers cas connus en France (en tout cas par Wikipédia), il y a le repas fait de quelques gardes Suisses par certains révolutionnaires affamés et excités lors de la prise de la Bastille un fameux 14 juillet. Un barbec’ de p’tits Suisses à la Bastille, c’était révolutionnaire comme idée, tiens !

Mais manger de l’humain c’est mal. Beurk ! Honnis soient les cannibales ! La Bible l’a dit : « Tu ne dégusteras point les côtelettes de ton prochain » (enfin quelque chose dans ce goût-là). Pourtant un extra-terrestre pourrait se poser des questions quant à nos mœurs carnassières : « Pourquoi ils ne mangent pas de viande humaine, mais de la viande animale ? ». C’est pourtant simple : un humain c’est un animal qui n’est plus un animal à la différence d’un animal qui n’est pas humain. Mais à y regarder de plus près ce n’est peut-être pas aussi évident que ça.

En effet, l’hippophagie par exemple, est une horreur pour les amoureux des chevaux (on ne se moque pas des inadvertants mangeurs de lasagnes s’il vous plaît !). Manger du cheval, la plus belle conquête de l’Homme ?! Imaginez Zorro qui se taperait un tournedos de Tornado ! Ce n’est pas possible ! En plus dans le monde du cheval il y a des cas vraiment particuliers : Est-ce que manger un centaure c’est du cannibalisme ? Pégase n’est-il pas qu’un gros poulet hennissant ? Un hippocampe c’est plus de la viande ou du poisson ? Et je ne parle même pas de la licorne ! Mais ça n’empêche pas certains Français de manger du cheval qu’ils se procurent dans une des 1000 boucheries chevalines du pays. Alors le cheval passe encore, mais le chien ? Manger du chien (c’est la cynophagie), ferait s’étrangler plus d’un de nos concitoyens. Si cette pratique culinaire existe dans certains pays d’Asie ou d’Afrique elle est inconcevable au pays de la gastronomie. Inconcevable… jusqu’au milieu du XXème où l’on trouvait à Paris encore quelques boucheries canines ! Un marché de niche sûrement ? Mais qui n’a pas fait de vieux os.

Donc on ne cuisine pas le chien au pays de 30 millions d’amis, en revanche la vache et le porc oui. Pourtant le faux-filet n’est-il pas un sacrilège hindou et la saucisse une ineptie musulmane ?

Aujourd’hui c’est fun de s’envoyer un bon steak de kangourou, demain ça sera peut-être interdit et remplacé par l’aloyau de gorille. On se régale de viande de porc, qui se nomme cochon quand il est vivant, alors que c’est un animal qui est capable de comprendre plus de mots qu’un chien. On ne mange pas de chat mais du lapin. Le cochon d’Inde est notre ami mais pas le porcelet qui est pourtant un petit cochon (porter un sari lui sauverait peut-être la vie ?). On ne mange pas le rat mais on se régale du pigeon, alors qu’à Paris le pigeon est considéré comme un rat. On dit « viande de mouton » mais c’est de la brebis. On fait rôtir du poulet mais c’est de la poule ou du coq… Je finis par en perdre mon latin de tous ces mélimélos de mots de chair qu’on peut manger ou pas. Aussi je préfère être végétophage. C’est beaucoup plus simple, voyez-vous même : Un potimarron c’est orange. L’orange de la carotte donne les joues roses. Un radis noir c’est blanc dedans. Une patate ça donne la frite. On fait de la soupe de chou et de caillou mais pas de hibou ni de pou. Des aulx c’est de l’ail à partir de deux, c’est bon pour améliorer son score au scrabble et à table contre le scorbut. Et pour finir, une betterave c’est pas si bête et ça n’a rien à voir avec un céleri rave, qui lui n’a rien à voir avec l’endroit où l’on range les selles de chevaux.

FinduSourire (hum hum).

Yvan Saint-Jours, Directeur Artistique de Kaizen

Le 10 janvier 2014
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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miranda le 26/11/2014 à 22:54

bien dit :moi aussi laissez moi etre une végétophage;j"en suis heureuse car les animaux je les aimes tous quelquils soit et pas dans l"assiette !!!

Martine Thiessard le 14/03/2014 à 21:20

Je suis bien contente que vous ayez compris « Yvan tu pourrais traire un biquet dromadaire ? » et accepter, sans vous en rendre compte, de faire le billet hebdomadaire. Je n'aime pas beaucoup l'actu parce que la plupart du temps c'est vraiment pas rigolo, voir même déprimant... mais là moi je rigole !!! :)
Juste une question : Comment comptiez vous faire pour traire un biquet dromadaire ? pour savoir...

Échos verts- Natasha le 01/03/2014 à 04:23

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire cet article, merci! C'est agréable que ces questions soient soulevées avec humour plutôt que sous le ton de l'accusation... pour une fois! Vive le végétophage ;-)