Culture & Solidarités

« Elyx, militant de la vie, sera là,
comme un petit ange gardien sur son nuage »



Elyx est un petit bonhomme dessiné et photographié par l’artiste français Yak. Depuis 2011, ce personnage est mis en scène dans la rue, dans la nature et sur les monuments historiques. Sa légèreté n’est qu’apparente, car il sert aussi d’ambassadeur pour des causes des Nation unies. Rencontre avec un artiste profondément humaniste.

 

Kaizen : Dans quel but dessinez-vous votre personnage Elyx ?

Yak : Elyx révèle des petites choses, de trois fois rien, dans le but de toucher le cœur des gens.

Quand je dessine Elyx et que je le partage sur les réseaux sociaux, je donne une petite nourriture spirituelle, très légère : une sorte de good vibe, de haiku. Parfois, ce sont des dessins légers, d’autres fois ils sont plus engagés. Cela ne signifie pas que je suis naïf ou que j’éprouve un manque d’intérêt pour le monde, bien au contraire !

Que pensez-vous du monde dans lequel Elyx évolue ?

L’univers est magique si on le regarde bien. Seulement, on se focalise sur des choses moins importantes et frustrantes, comme la voiture qu’on n’a pas, l’argent qui nous manque, etc. Pourtant, on vit dans un univers d’abondance.

C’est très important de prendre conscience de tout ce qui nous entoure, pour l’embrasser et afin de profiter pleinement du présent. Mais on ne voit pas tout cela, ou on s’empêche de le voir, à cause de nombreux filtres ou fantasmes inassouvis.

Forcément, il existe plein de choses qui doivent être améliorées, mais on peut déjà se satisfaire de ce qui nous est donné. C’est la définition de la sobriété heureuse. On peut faire beaucoup, avec moins ! Toutes les petites choses sont déjà des clefs du bonheur.

Ces valeurs permettent d’aborder le siècle à venir. On ne sera pas éternellement dans le toujours plus. Il ne faut pas trop en demander et avoir une forme d’humilité par rapport à ce qui nous entoure.

Elyx, c’est ça aussi : l’économie des moyens. Mon carnet coûte 6 euros, mon stylo, 2 euros. Malgré cela, je peux potentiellement toucher des millions de personnes.

Avec Elyx, la valeur est totalement dans l’immatériel. C’est un échange émotionnel totalement gratuit : personne ne me paie pour le faire et personne ne paie pour l’avoir. Comment puis-je me permettre cela ? Je vais cueillir dans une matière qui est abondante et infinie : l’imagination !

Vous venez d’expliquer l’importance de la sobriété heureuse. Quels mouvements, en France, vont dans ce sens ?

Tous les écosystèmes positifs et écologiques.

Votre média Kaizen en fait partie, comme d’autres organes de presse, tels Sparknews, Youphil, We Demain. Vous êtes positifs, sans jamais stigmatiser, vous montrez comment vivre ensemble de manière harmonieuse.

De même pour les entrepreneurs sociaux, les réseaux associatifs, les entreprises militantes, tout ce qu’anime Anne-Sophie Novel (Place 2 B – COP 21), l’Institut des Futurs souhaitables, le LH Forum, l’économie collaborative, l’économie sociale et solidaire, etc.

Tout cela prouve qu’il existe un grand mouvement bienveillant. Aujourd’hui, tout cet univers est une force politique qui s’ignore : parce qu’il n’est pas dans une logique de pouvoir.

Face aux enjeux de la société – sur les droits humains, le climat, l’empowerment, etc. –, les années à venir vont être décisives, mais passionnantes ! Quoi qu’il en soit, Elyx, militant de la vie, sera là, comme un petit ange gardien sur son nuage !

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Pourquoi avoir choisi de dessiner un personnage aux traits et au caractère enfantins ?

Plutôt que d’aller chercher ce qui nous distingue, j’essaie de trouver ce que nous avons en commun. Et il y a quand même pas mal de choses ! C’est en utilisant ces bases-là qu’on arrive à créer un langage universel.

Et, justement, quel mode de communication peut toucher n’importe qui sur Terre, sans a priori culturel, de langue, de sexe ou de quoi que ce soit d’autre ? C’est le fait de tous avoir été des enfants et le fait de tous avoir appris à dessiner, avant même de savoir écrire.

Cela ne veut pas dire que c’est un projet pour les enfants ! C’est un projet qui utilise notre part d’enfant pour transformer le regard que nous portons sur le monde !

Et puis, notre autre point commun, c’est le sourire. Elyx, c’est une sorte de smiley : il ne veut pas de mal, il est dans l’ouverture. Pour sanctuariser ce côté espiègle d’Elyx, il faut que je sois totalement zen quand je le dessine. J’évite de faire intervenir mon regard d’adulte, qui pourrait altérer cette innocence.

Quand j’arrive à dessiner un Elyx, je suis comme un gamin et je suis le premier à rigoler ! Je me dis que c’est trop marrant ! C’est cette vibration que je donne.

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Vous diffusez ces « vibrations » d’Elyx sur les réseaux sociaux. Près de 150 000 internautes sont abonnés à vos comptes. Pensez-vous que ces supports bouleversent l’art ?

Dans mon cas : totalement. Pour les autres formes d’arts, cela dépend.

En tout cas, pour de nombreux artistes, cela a bouleversé leur rapport au public : la relation devient directe, sans intermédiaires. C’est une coconstruction. Je pense aux artistes JR (avec son œuvre Inside Out) et Pharrell Williams (qui a invité son public à danser, n’importe où dans le monde, sur son clip Happy).

Le succès des réseaux sociaux n’est pas lié à la technologie, mais aux causes humaines : ils viennent satisfaire des besoins fondamentaux de reconnaissance et d’être au monde avec les autres. D’ailleurs, les marqueurs d’échanges sur les réseaux sociaux sont des marqueurs émotionnels : des « j’aime » pour Facebook, des cœurs sur Instagram… On n’échange pas d’argent, mais des valeurs profondément humaines. Cela rend les utilisateurs accros à être avec les autres ; ce qui est plutôt un bon signe. Chacun d’entre nous, au-delà de son individualité – exacerbée au cours du siècle dernier – se sent une partie d’un tout, plus grand que lui. On avait besoin des réseaux sociaux. Cela veut dire que nous avons besoin de vivre en direct, sans intermédiaire, de nous échanger des informations en toute bienveillance, gratuitement.

La technologie ne sert à rien d’autre qu’à rassembler les êtres humains. Tout le reste, ce sont des effets de mode.

 

Propos recueillis par Thomas Masson

 

Retrouvez toutes les photos de d’Elyx sur elyx.net

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Le 18 juin 2015
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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