Culture & Solidarités

500 ans plus tard, l'or restitué aux Indiens kogis



Restituer l’or dérobé il y a 500 ans par les Conquistadors aux Indiens kogis vivant dans les hauteurs de la Sierra Nevada de Santa Marta, en Colombie. Tel est le projet fou porté par l’association Tchendukua.

indiens kogis
© Association Tchendukua

Olivier Jehl, skipper du voilier Zigoneshi a pris la mer le 19 septembre 2015 en direction de la Colombie à la rencontre de ce peuple racine avec à son bord, un trésor. Eric Julien, fondateur de Tchendukua, raconte les étapes de cette aventure symbolique.

Comment est né le projet Zigoneshi ?

Ce projet est né d’un constat : les Indiens kogis sont en danger.  Ce peuple vit au nord-est de la Colombie, dans la Sierra Nevada de Santa Marta, une pyramide montagneuse. La proximité de la mer, l’altitude, l’isolement du massif andin, la présence des alizés crées une richesse naturelle exceptionnelle. Vivant en parfaite harmonie avec la nature, ce peuple subit directement les changements environnementaux et économiques via le tourisme ou les constructions de routes qui s’accentuent autour de leur habitat. Notre première démarche a été de sensibiliser le public par le biais de conférences et essayer de trouver ensemble des solutions . De ces rassemblements a découlé une envie de la part des Indiens kogis : créer un dialogue entre les Indiens et notre société « moderne ». Zigoneshi est ainsi né. En kogi, ce mot signifie « je te donne, tu me donnes, entrons dans l’échange ». Cet « autre voyage » a vu le jour grâce à l’aide financière de l’entreprise WiChard, l’association Progrès du management et le réseau Germ.

Comment s’est-il déroulé ?

Olivier Jehl est skippeur et participait à la vingtième mini-transat (Douarnenez, Bretagne – Point-à-Pitre, Guadeloupe). Engagé et sensible aux enjeux qui pèsent sur notre planète et sur l’univers kogi, il tenait à faire sa part  dans l’aventure et s’est proposé pour rejoindre les côtes colombiennes et le port de Santa Marta, après sa course, et aller à la rencontre des Indiens kogis leur restituer leur trésor. C’est ainsi que le 25 février 2016, son bateau accoste. Sur la plage, 50 Kogis guettaient l’arrivée d’Olivier Jehl. C’était un moment très émouvant. Il s’est mis à pleuvoir et le chaman a glissé dans un souffle « c’est la mère qui pleure de joie ».

D’où viennent les objets en or restitués aux Indiens ?

Notre projet est venu jusqu’aux oreilles de Dora Jansen, une collectionneuse belge d’objets précolombiens. Elle m’a contacté et m’a dit « votre bateau va ramener quelque chose ». Il y a plus de 30 ans, Dora Janssen a agrandi sa collection de 18 pièces en or datant de l’époque précolombienne. Bracelets, couronnes, bagues : un véritable petit trésor qui reposait dans une tombe de Cuidad Perdida, une cité construite par la civilisation Tayrona, ancêtre des kogis, au IXe siècles.  Une chance que Dora en est fait l’acquisition. La première fois qu’elle les a vus, elle n’a pas été conquise. Elle les a pris de bon cœur pour ne pas les voir finir en prothèse dentaire. Aujourd’hui, elle nous en a fait don. Ce trésor, dérobé il y a 500 ans, appartient à la Terre Mère. Sa meilleure place est auprès d’elle.

Que vont faire les Indiens kogis de ce trésor ?

Pour les Kogis, l’or a une valeur symbolique. Les chefs religieux de chaque village qu’on nomme les Mamas organiseront une consultation de divination pour déterminer d’où vient le trésor et à quelle place il doit être.

kogis tresor
© Association Tchendukua

Quelles sont les difficultés auxquels vous avez dû faire face ?

L’association Tchendukua s’est heurtée à la stricte législation colombienne. L’administration jugeait plus adapté que ce trésor se retrouve au musée. Après de longues discussions, les autorités colombiennes se sont montrées favorables à la démarche et un processus a été mis en place pour restituer ces objets aux Kogis.

 

Axelle Bibring-Pilliot

© Kaizen, construire un autre monde… pas à pas

 


Retrouvez ici, la traversée en voilier d’Olivier Jehl jusqu’au port de Santa Marta en Colombie à la rencontre des Indiens kogis.

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Le 15 avril 2016
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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jacques le 10/05/2016 à 17:10

super que les indiens récupèrent leur biens. Beaucoup de religions ont assaillis des civilisations et volés des trésors !