Alimentation

Une épicerie bio itinérante



Comment proposer des produits bio là où il n’y a ni coopératives ni magasins spécialisés, tout en recréant du lien social ? Deux jeunes femmes ont trouvé la réponse avec leur épicerie bio itinérante, L’Hirondelle. Elles parcourent le sud de l’Indre, pour combler un vide dans l’offre locale, sensibiliser de nouveaux consommateurs et proposer une alimentation bio aux cantines scolaires dispersées dans les villages.

Léna Simon et Hélène Godet se déplacent à bord d’une hirondelle un peu particulière. Quatre roues, un moteur, un grand habitacle… Au quotidien, leur volatile se déguise en camionnette. C’est effectivement plus pratique pour transporter des centaines de produits. Car les deux jeunes femmes se servent de leur véhicule au nom d’oiseau comme une épicerie bio itinérante. Depuis deux ans, elles sillonnent les routes et les marchés du sud du département de l’Indre et viennent combler un vide dans l’offre locale en produits certifiés bio. « L’Hirondelle » est sortie de son œuf en juillet 2012, prête à survoler un territoire de plus de 2000 km2. Les associées installent leur nid chez Léna, à Nuret-le-Ferron, en plein cœur du Parc régional de la Brenne, entre Poitiers et Châteauroux. Sédentaires – Hélène était fleuriste alors que Léna travaillait dans une boutique-salon de thé –, les deux amies sont devenues professionnellement nomades.

Jouer la carte du collaboratif

Pour mener à bien leur projet, elles choisissent d’intégrer Cesam, l’antenne du Limousin d’Oxalis, une Coopérative d’activités et d’emploi. Elles bénéficient alors d’une phase d’accompagnement à la création, reçoivent aides et soutiens. En tant qu’entrepreneuses-salariées, elles bénéficient des services mutualisés, comme la réalisation des fiches de paye ou la comptabilité. Deux ans plus tard, elles y sont toujours. L’équipe a un peu évolué car depuis quelques mois, Hélène est partie en congé maternité. Léna a trouvé du renfort auprès de Charline qui l’épaule quotidiennement pour assurer l’ensemble des services que proposent L’Hirondelle : ventes sur les marchés, livraison dans des points relais, préparation de commandes…

Tout au bout d’une vieille longère, Léna et Charline s’affairent dans un petit réduit. Quelques mètres carrés. Elles y ont installé l’ensemble de leur stock, au frais. Chaque semaine, elles reçoivent plusieurs dizaines de références, via un grossiste. Tout ce qu’elles ne trouvent pas localement. Pour le reste, c’est un peu au coup par coup. « Avec les producteurs, ce n’est pas régulier et ça n’arrive pas forcément ici directement. Ça passe par des clients, on nous les livre sur les marchés ou on se donne un point de rendez-vous. Seuls aliments absents de leur inventaire : les produits frais et la viande. Actuellement, le local ne dispose pas des équipements nécessaires.

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Tisser du lien

En fonction des demandes des clients et des ventes des précédents jours, Léna ajuste ses commandes. Le système, très souple, lui permet de limiter les invendus, et de repérer les produits qui peuvent intéresser ses clients. Cela a permis à la boutique d’évoluer, de quelques denrées à ses débuts, pour aujourd’hui proposer plusieurs dizaines de produits, au-delà de l’alimentaire. Nettoyants ménagers, cosmétiques, livres… Autant d’articles que l’épicerie est la seule à proposer sur ce secteur. Hormis une petite boutique bio sur la commune de La Châtre, le magasin spécialisé le plus proche est au moins à 30 minutes de voiture, et propose ses produits à des prix équivalents. Les habitués du bio trouvent leur compte avec ce système itinérant, tandis que d’autres profitent de cette offre pour commencer à consommer autrement. Pour les habitants qui se trouveraient sur des territoires encore plus isolés, l’Hirondelle a mis en place un service de livraison à domicile ou des points relais au sein d’associations ou sur des places de villages.

Trois marchés hebdomadaires, une dizaine de points relais et le reste… L’agenda de l’Hirondelle ne désemplit pas. La clé de son succès : une bonne connaissance du territoire et des acteurs associatifs. L’entreprise de Léna et Hélène a su trouver sa place au sein des réseaux locaux. À tel point qu’elle est très vite devenue indispensable pour certaines collectivités locales. En plus de ses activités auprès des particuliers, Léna livre des produits dans différentes cantines scolaires, crèches et mairies. « Pour le moment, nous leur apportons le riz et les pâtes, des légumineuses principalement. » Leur but à terme : pouvoir servir de relais entre ces établissements et des producteurs locaux qui n’auraient pas le temps de livrer leur production.

Au delà de leur activité commerçante, Léna et Hélène cherchent à recréer du lien social et à combler un manque. En revisitant le concept de marchands ambulants, tels qu’on pouvait les croiser autrefois dans les campagnes, elles participent à l’animation des places de villages, discutent avec les clients, proposent aux gens de se retrouver. Dans une région qui tend à se dépeupler, leur hirondelle fait quotidiennement le printemps.

Par Morgane Thimel

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Cet article a été initialement publié par Basta !

Le 15 juillet 2014
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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Rejoindre la conversation

leonard le 23/05/2017 à 10:23

bonjour

pas de colis pour moi, je vous recontacte pour les prochains
bonne journée

JOHNSTON le 16/07/2014 à 10:32

Toujours des initiatives positives qui contribuent à rendre notre société toujours plus responsable et dans le partage. Merci KAIZEN pour ces invitations au bonheur dans notre quotidien ! Les Belles de Mai (Pontorson, Baie du Mont Saint Michel)