Mobilité

Mobilité urbaine : la high tech, nouvelle alternative aux transports en commun ?

Mono-roue électrique © Elise Pontoizeau

Trottinettes électriques, mono-roues, gyropodes… Ces engins à la pointe de la technologie rencontrent un succès grandissant dans les villes. Ils permettent d’effectuer de petits déplacements sans se fatiguer et sans polluer.

Ne pas être esclave de son moyen de transport, c’est souvent ce que recherchent les utilisateurs des engins de déplacement personnel (EDP). Ces appareils high-tech (gyropode, mono-roue, trottinette électrique…) s’imposent peu à peu sur les trottoirs de nos villes. « Je l’utilise pour de courts trajets en loisir, pour rejoindre des amis ou pour aller faire des courses », raconte Déborah Guénard, utilisatrice d’une mono-roue à Paris. Peu encombrants, pratiques, rapides et écolos, les EDP séduisent les citadins : « On peut se faufiler partout », affirme Anthony Chemin, usager de la trottinette électrique dans la capitale. Ces machines permettent d’effectuer des déplacements de plusieurs kilomètres sans se fatiguer, elles peuvent aller jusqu’à 30 ou 50 km/h.

Des engins accessibles à tous

Dans le magasin de Vincent Bourdeau à Paris, Urban360store, spécialisé dans les EDP, c’est la trottinette électrique qui se vend le mieux (comptez 600 euros minimum). Plus simple à manier, elle rencontre plus de succès que ses « cousins ». Quand Déborah Guénard a acheté sa mono-roue en décembre dernier, « il fallait faire quelques essais et après se laisser aller. Pas besoin de cours, il faut juste ne pas paniquer et ne pas être crispé », conseille-t-elle. Vincent  Bourdeau recommande tout de même « trois à quatre séances de trente minutes avant de se lancer dans la mono-roue ». Malgré l’adresse que demande l’engin, la clientèle est large, « âgée de 20 à 60 ans », constate Vincent Bourdeau.

Désaturer les transports en commun

Pour la mairie de Paris, ces engins permettraient de répondre à un besoin de souplesse que les utilisateurs revendiqueraient. « Cela peut être utilisé pour le dernier kilomètre, en complémentarité par exemple avec le métro. Et cela peut être aussi utilisé comme mode de déplacement avec lequel on va faire l’entièreté du trajet », explique le maire-adjoint. « C’est quelque chose que l’on voit d’un bon œil, ça permet de réduire l’usage de la voiture, de désaturer les transports en commun. C’est un peu un intermédiaire entre une mobilité active et passive », ajoute-t-il.

L’absence d’une législation nationale

Les EDP n’ont pas encore de statut dans le Code de la route. Aujourd’hui, leurs utilisateurs sont plus ou moins assimilés à des piétons alors qu’ils peuvent atteindre des vitesses largement supérieures, risquant parfois d’entraîner des conflits d’usage. Christophe Najdovski, maire-adjoint de Paris chargé des transports, compte y remédier : « On a saisi le gouvernement dans le cadre de la loi d’orientation sur les mobilités, pour qu’il y ait une définition d’un cadre juridique national, qui permette d’encadrer l’utilisation de ces EDP. » L’idée serait de créer un statut mixte avec une circulation sur les trottoirs limitée à 6 km/h, et un statut de cycle qui permette d’emprunter les pistes cyclables et la chaussée. En attendant cette réglementation, Christophe Najdovski préconise aux utilisateurs de l’anticiper en s’y conformant.

Rester vigilant

Lancés à plusieurs km/h sur les trottoirs, pistes cyclables ou routes, les utilisateurs des EDP doivent toutefois redoubler de vigilance. Un piéton qui fait un écart, une portière qui s’ouvre… l’accident est vite arrivé si l’on roule trop vite. « À plus de 25 km/h, c’est un vrai danger puisqu’en cas de choc, cela équivaut à une chute d’un étage », met en garde Christophe Ramond, directeur des études de l’association Prévention Routière. Ce dernier préconise ainsi aux utilisateurs d’adapter leur vitesse à celles des autres usagers de la voie publique. Sans oublier d’investir aussi dans un équipement de sécurité (casque, genouillères, coudières…), de vérifier auprès de leur mairie si l’utilisation des EDP est bien autorisée dans la commune et de s’informer auprès de leur assurance.

Ces nouveaux moyens de transport peu encombrants et propres sont prometteurs. La liberté qu’ils offrent risque de séduire un certain nombre d’autres citadins.

 

Elise Pontoizeau

 

Note : À Saint-Denis (93), il est désormais possible de louer une trottinette en libre-service grâce à l’application Knot.

Le 17 mai 2018
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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Kaizen Magazine le 23/05/2018 à 18:06

Merci de la pertinence de votre commentaire. Vous avez raison, la fabrication de ces engins reste polluante, et pose question ; l’utilisation des terres rares en est une effectivement. Ceci dit en comparant l’impact écologique globale (la fabrication et l’usage) de ces engins à une voiture, ces nouveaux véhicules sont moins énergivores. Mais quand on sait que 50 % des déplacements en ville font moins de 3 kilomètres, nous préférons proposer des alternatives à la voiture, même si elles sont perfectibles. La philosophie du changement pas à pas…

Reste à voir et vous avez raison comment coexistent les piétons avec ces nouveaux objets. Mais là aussi nous sommes en chemin….

Anthony G. le 18/05/2018 à 22:14

Bonjour, j'aimerai bien savoir ce qui vous fait qualifier ces engins "d'écolos" et de "propre"... Là où l'électricité, en France, ne provient que très peu de sources renouvelables. Et deuxièmement, et à mes yeux bien plus important: Les batteries de ces moyens de locomotions sont constituées de minerais et de terres-rares dont les quantités sont bien plus limités que le pétrole ou autre et où l'exploitation détruit les sols. Elle sont un désastre non seulement écologique mais aussi humain! Les ouvriers qui extraient ces minerais travaillent dans des conditions inhumaines, c'est souvent de l'esclavagisme pur et dur... Quand ce n'est pas carrément des enfants qui bêchent... Je n'évoque même pas le fait que l'engin lui même est très probablement constitué en bonne partie de plastique (donc de pétrole) et qu'il n'est surement pas fabriqué en France (Taxe carbone et une fois de plus exploitation de mains d’œuvre étrangère dans des conditions misérable...). Quand est-il également du recyclage de ces engins une fois qu'ils seront en fin de vie?
Je pense sincèrement qu'on se pose les mauvaises questions et que certaines inventions sont bien décevantes. Un vélo, ça n'a besoin de rien d'autre que de deux jambes pour fonctionner et si on pousse le bouchon bien loin il en existe même fabriqués en bamboo !
Bref... C'est bien joli et à la mode dans la rue... Mais honnêtement à chaque fois que je crois une trotinette, un vélo ou un mon-roue, ça m'évoque tout ça et me donne plus la nausée que l'envie d'en posséder.