Eaux et Forêts

Parcs naturels régionaux : écrins d'écosystèmes



Sauvegarder la biodiversité et le patrimoine en s’attelant à préserver la beauté du territoire, telle est la mission des parcs naturels régionaux. Des initiatives qui inspirent au-delà de l’enceinte des parcs.

© Site du Parc Naturel Régional d’Avesnois

Dans le parc naturel régional du Massif des Bauges, les prairies d’alpage colorées et parfumées s’étendent à perte de vue. « Grâce au concours des Prairies Fleuries [1], nous avons remis à l’honneur la beauté et le caractère de nos paysages, constate Michel Delmas, directeur du parc. Ici, la biodiversité est très riche : on observe parfois jusqu’à 40 espèces florales par mètre carré, des graminées pour la majorité. »

Initié en 2007 par le parc des Bauges, et soutenu par l’INRA, ce concours est devenu national en 2010 : ainsi, en 2015, 42 territoires sont inscrits, dont 20 parcs naturels régionaux. Les Prairies Fleuries misent sur l’intérêt des éleveurs de bovins et de caprins à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement. Finis l’artificialisation des prairies, leur retournement pour la monoculture de maïs, ou encore leur abandon pur et simple ! Le concours récompense les exploitations – elles ont été 350 à participer en 2014 – dont les prairies ont le meilleur équilibre agroécologique. À en croire Michel Delmas, les bénéfices sont multiples : « La biodiversité est préservée, ainsi que l’identité du territoire à travers ses paysages. L’autre avantage consiste en la valorisation du travail d’entretien des prairies naturelles réalisé par les éleveurs. Sans oublier que ces herbages permettent d’obtenir des produits du terroir de qualité : sur le parc naturel régional, nous avons quatre fromages AOC, notamment la tome des Bauges. » Enfin, c’est la lune de miel entre agriculteurs et apiculteurs ! En témoigne l’un d’eux, Antoine Volpi, président de la miellerie collective des Bauges : « Comme le concours incite à établir des partenariats, cela facilite les contacts pour l’installation de nos ruches. Depuis le lancement des Prairies Fleuries, on trouve davantage de terrains qui présentent un environnement sain pour nos abeilles, et donc une récolte de miel de qualité. Et puis, des agriculteurs acceptent de retarder leurs fauches. Tout cela va dans le bon sens. On a intérêt à travailler ensemble, car tout est lié : la fleur, l’abeille, le miel, les herbages, le fromage, les jolies vallées qui attirent les vacanciers… C’est comme une chaîne ! »

© S.Dussans (Site du Parc du massif des Bauges)

Faire du neuf avec du vieux

Les responsables des trois parcs naturels régionaux du Pas-de-Calais –  ScarpeEscautAvesnois, et caps et marais d’Opale – ont, eux, choisi de faire du neuf avec du vieux ! Un moyen de préserver le patrimoine rural et industriel local. Et de se développer, mais, pas au détriment de leurs terres agricoles et de leurs paysages. Précisions de Mélanie Huguet, chargée de mission paysage et urbanisme : « Les trois parcs du Nord-Pas-de-Calais ont lancé un dispositif sous le nom de RENOUER [Renouvellement Urbain et Écologique des territoires Ruraux et périurbains]. Il s’agit de penser un modèle d’urbanisme durable en proposant aux communes rurales – qui gardent la maîtrise d’ouvrage – une alternative à l’étalement urbain. Autrement dit, de lutter contre l’artificialisation des sols tout en conciliant le développement des communes rurales et périurbaines. » Comment ? En réinvestissant des bâtiments inoccupés ou sous-utilisés. C’est ainsi que, par exemple, à Guînes, la friche du moulin Boutoille, d’une surface de 4 000 m2, bénéficie d’un plan de réhabilitation pour accueillir les bureaux de la communauté de communes des Trois-Pays et regrouper, en un pôle unique, les services communaux et intercommunaux – CAF, CIAS, office de tourisme, etc. De même à Ferques : afin de revitaliser le centre-bourg, un ancien corps de ferme du XIXe siècle est en cours de rénovation pour accueillir, sous son toit de tuiles rouges, une maison des jeunes ainsi que les activités périscolaires. En parallèle, un écoquartier est en train de sortir de terre à l’emplacement d’un carreau minier abandonné. Le terril offrira un point de vue dégagé sur une beauté préservée.

© Page Facebook du Parc naturel régional de la Brière

Un vent nouveau souffle sur les chaumières de la Brière

« Fortement représentés au XVIIe siècle, les ensembles bâtis de chaumières constituent la forme la plus emblématique et la plus pittoresque du patrimoine rural du parc naturel régional de Brière [Loire-Atlantique]. Elles sont le témoignage d’un mode de vie autrefois lié aux marais et à l’agriculture », rappelle Virginie Benoît, chargée de mission urbanisme et paysages. Ce territoire abrite 2 700 chaumières, soit 60 % du nombre total de ces maisons traditionnelles en France. Pas étonnant que le parc se soit engagé, lors de sa création en 1970, dans leur restauration et leur conservation, notamment en acquérant le village de Kerhinet. Abandonné en 1950, celui-ci est aujourd’hui devenu la vitrine du parc avec ses 18 beaux toits de chaume qui descendent en grandes vagues arrondies sur la pierre de pays, apportant un sentiment de sécurité. « Grâce aux différentes actions menées avec nos partenaires, explique Virginie Benoît, le métier et le savoir-faire des chaumiers, qui étaient sur le point de disparaître [il n’en restait plus que deux dans les années 1970], ont été relancés, et une quinzaine d’entreprises de couvreurs-chaumiers ont été créées. Synonyme de vétusté et de pauvreté il y a 40 ans, la chaumière est redevenue une fierté. »

 

[1] À ne pas confondre avec les jachères fleuries, souvent semées en bord de routes, les prairies fleuries sont naturelles, entretenues par l’agriculture.

 

Article publié dans le dossier sur les Parcs naturels régionaux (Kaizen n°20), réalisé par Aude Raux et Xavier Crépin

 


Lire aussi : Est-il plus écolo de vivre en ville ou à la campagne ? (Partie 1)

Lire aussi : Traverser la France à pied : pour quoi faire ?

Le 14 août 2017
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

Soutenir Kaizen Magazine, c'est s'engager dans un monde de solutions.

Notre média indépendant a besoin du soutien de ses lectrices et lecteurs.

Faites un don et supportez la presse indépendante !

JE FAIS UN DON

Parcs naturels régionaux : écrins d'écosystèmes

Close

Rejoindre la conversation