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samedi 5 octobre 2024
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Les étudiants revendiquent le réveil écologique des employeurs

Suite à un premier appel à la rentrée 2018, le collectif étudiant « Pour un réveil écologique » lance une nouvelle plateforme pour lutter contre le greenwashing des entreprises et demander des formations et des emplois plus verts.

Si vous vous êtes rendu.e sur LinkedIn récemment, vous l’avez sûrement aperçu. Partagé par plus de 2 000 étudiant.e.s, « l’appel pour un réveil écologique » s’adresse aux recruteurs, qui écument régulièrement le réseau social. En six engagements, les signataires de cet appel demandent à leurs futurs employeurs de « devenir acteurs d’une transition écologique ambitieuse ».

De leur côté, les signataires (majoritairement étudiants) déclarent « refuser de contribuer par [leur] travail à l’accélération des crises environnementales et sociales. Au contraire, [ils et elles souhaitent] mener une activité professionnelle cohérente avec l’urgence écologique, en mettant [leur] temps et [leur] énergie au service de projets qui construisent une société soutenable et socialement juste. » Un engagement qu’ils et elles affichent fièrement désormais, sur leur profil LinkedIn. 

31 000 étudiant.e.s ont signé pour un réveil écologique

Cet appel est lancé par le collectif Pour un réveil écologique, qui rassemble une trentaine d’étudiant.e.s, essentiellement de grandes écoles. Le collectif était déjà à l’origine du Manifeste du même nom publié en septembre 2018 et signé par près de 31 000 étudiant.e.s et jeunes diplômé.e.s, en pleine période des Marches et grèves pour le climat. À travers ce Manifeste, ces étudiant.e.s marquaient leur volonté de « placer la transition écologique au cœur de notre projet de société. » Mais cette fois-ci, le collectif Pour un réveil écologique veut aller plus loin et engager davantage les étudiant.e.s.

Emmanuelle Huet est étudiante à l’ESSEC Business School et à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Elle fait partie du collectif Pour un réveil écologique et elle a activement participé à l’élaboration de la nouvelle plateforme : « Il fallait rendre le texte plus concret. Nous savions que nous voulions mettre à disposition des outils pour les étudiant.e.s, pour traduire ces paroles en actions », se souvient-elle. La nouvelle plateforme leur propose de s’engager sur le volet de la formation (« réveiller ma formation ») ou celui de l’emploi (« réveiller mon employeur »).

Marche pour le Climat à Paris, le 13 octobre 2018 / ©Maëlys Vésir

Marche pour le Climat à Paris, le 13 octobre 2018 / ©Maëlys Vésir

Guide pour un emploi vert

En complément de l’appel lancé sur LinkedIn, la plateforme vise à donner des outils pratiques, tant aux étudiant.e.s qu’aux équipes pédagogiques et aux entreprises, pour entamer leur transition écologique. « Nous souhaitions encourager les étudiant.e.s à réfléchir à leur positionnement par rapport à leur prochain emploi, tant au sein d’une entreprise vertueuse, qu’au sein d’une entreprise où ils souhaiteraient changer les choses en se positionnant en chevaux de Troie. Nous leur en laissons le libre-arbitre », explique Emmanuelle.

Pour ce faire, le collectif est allé à la rencontre des conseils d’administration, des responsables en ressources humaines, des délégué.e.s en charge de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) à partir de janvier 2019. Le but de ces rencontres : comprendre les enjeux et les freins des entreprises, pour mieux les conseiller en vue de leur transition… Mais le collectif souhaitait également mettre le doigt sur des techniques de greenwashing, ce processus de marketing utilisé pour renvoyer une image d’entreprise plus verte qu’elle ne l’est réellement.

C’était tout l’enjeu du groupe de travail auquel a participé Emmanuelle : en plus de ces rencontres, certaines entreprises ont répondu à des questionnaires sur leurs politiques intérieures en termes d’écologie. « En recevant leurs réponses, plutôt que d’y répondre individuellement ou de classer les entreprises, nous avons décidé de créer un guide anti-greenwashing, qui reprendrait ce qu’on estimait être les gros points de vigilance que les étudiant.e.s devaient connaître », explique-t-elle. 

Capture d'écran de la plateforme Pour un réveil écologique, à la rubrique « Réveiller mon employeur »

Exemple des questions proposées par la plateforme Pour un réveil écologique, à la rubrique « Réveiller mon employeur » / Capture d’écran

« Nous avons la responsabilité d’agir parce que nous avons le choix »

Concernant l’emploi, la plateforme propose des questions auxquelles l’étudiant.e peut réfléchir au moment de chercher du travail : quelle est l’utilité et la finalité des activités menées ? Quel impact sur le climat et la biodiversité ? Quelle intégration des enjeux environnementaux dans la stratégie financière ? Pour chaque question, la plateforme explique le problème posé, ainsi que des points de vigilance à garder en tête. Les réponses communiquées par certaines entreprises sur leurs pratiques environnementales sont également publiées. Le collectif propose donc un guide antigreenwashing pour lire ces réponses de manière plus éclairée… et pouvoir mieux orienter ses ambitions professionnelles.

Emmanuelle est cependant consciente que la grande majorité d’étudiant.e.s engagé.e.s aux côtés du collectif proviennent d’écoles de commerce, d’ingénierie ou de communication. Des établissements considérés comme élitistes, assurant généralement des emplois confortables aux jeunes diplômés. Emmanuelle admet que tou.te.s n’ont pas la même marge de manœuvre pour choisir leurs employeurs. « Formé.e.s au sein de grandes écoles, nous estimons avoir la responsabilité d’agir, parce que nous avons la chance d’avoir le choix et de pouvoir déclencher cette dynamique, admet-elle. Nous espérons que cela permette à des personnes qui auraient moins le choix de trouver un emploi davantage en accord avec leurs convictions également, à l’avenir. »

Par Cypriane El-Chami


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