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dimanche 3 novembre 2024
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Faire de l’humour avec son enfant : le rire comme support éducatif

Rire, faire rire et rire de soi. Des leviers que les parents peuvent valoriser comme outils éducatifs. Mais comment développer le sens de l’humour chez l’enfant tout en posant des limites ? Le regard des psychologues Marie Anaut et Julie Hoskens qui prennent le rire chez les petits très au sérieux.

Il est où, le bébé ? Ah ! le voilà ! » Face à un nouveau-né, qui n’a jamais caché ses yeux derrière ses mains pour les retirer en disant « coucou » ? Ce petit jeu banal, qui provoque le sourire jusqu’à l’éclat de rire, témoigne pourtant de la première forme d’humour chez l’enfant. « Ce jeu de disparition-réapparition illustre bien que le bébé, dès l’âge de 10 mois, comprend déjà cette forme d’humour parce qu’il rit tout en sachant que l’adulte est simplement caché derrière ses mains », souligne Julie Hoskens, psychologue, à l’origine d’une thèse sur le développement de l’humour chez les enfants.

En moyenne, un enfant peut rire jusqu’à trois cents fois par jour, contre vingt fois seulement chez l’adulte (1). Il rit de l’incongru et des petites situations qui transgressent les règles qu’il apprend tout au long de son éducation. « L’humour de l’enfant est en directe corrélation avec son stade de développement et le petit construit son humour grâce aux nouvelles compétences qu’il acquiert, détaille Julie Hoskens. En découvrant le monde par les objets, il commence à les détourner en mettant, par exemple, un gobelet sur sa tête en guise de chapeau. Quand arrive le langage, il va modifier l’étiquetage des objets. Ce n’est que vers 6 ans qu’il découvre les devinettes et les jeux de mots et seulement vers 12 ans qu’il peut saisir d’autres formes d’humour comme l’absurde ou l’ironie. »

Plus ou moins valorisé dans la famille, l’humour chez l’enfant est influencé par l’environnement qui l’entoure. «Une grande partie de l’apprentissage de l’enfant se fait par mimétisme. Si les parents font preuve d’humour, l’enfant les imitera. Selon la place que l’adulte accorde à l’humour, l’enfant pourra plus ou moins le développer, explique Marie Anaut, psychologue et thérapeute familiale. Prendre en compte cet aspect du rire dans l’éducation peut être un bon outil pour permettre de stimuler davantage l’intellect, mais aussi de prendre confiance en soi et d’améliorer ses relations avec les autres. »

Développer le sens de l’humour tout en posant un cadre

Mais comment développer concrètement cette capacité à faire rire au sein du foyer ? « Être bon public avec son enfant peut être un début, comme le conforter lorsqu’il fait des jeux de mots ou des devinettes, par exemple. Mais il est tout aussi important de lui expliquer qu’il y a un temps pour la blague et que certaines formes de plaisanterie sont plus appréciées que d’autres, détaille Julie Hoskens. Avec toutes les questions actuelles liées au harcèlement, il est toujours bon de rappeler que le but de l’humour n’est pas d’agresser. On rit avec l’autre et non de l’autre pour ainsi faire la différence entre amusement et moquerie.»

©Pixabay DR

Vers 6 ans, lorsque l’enfant est plus confiant, lui apprendre l’humour par l’autodérision s’avère également efficace pour le développement personnel. « C’est une notion essentielle pour apprendre à accepter ses échecs, ses limites et à construire une confiance en soi. L’adulte peut s’autoriser à rire plus souvent de ses travers ou mettre de la distance avec une situation agaçante du quotidien pour ainsi montrer à l’enfant qu’il est sain de rire de soi, explique Marie Anaut.

L’autodérision peut aussi être un moyen d’exprimer des choses plus profondes, parfois un mal-être que l’enfant n’aurait pas pu exprimer autrement. L’humour est un rempart à la souffrance et permet parfois de désamorcer des choses. »Si le rire parvient à dédramatiser des situations, il est toutefois difficile, si le parent est en colère ou fatigué, de ne pas hausser le ton et d’avoir recours à l’humour à chaque fois. « Dans ces moments, cela demande un effort aux parents. Le mieux est d’essayer autant que possible de prendre du recul sur la situation et de se détacher pour se dire que ce n’est pas si grave, détaille Julie Hoskens. Avoir recours à l’humour ne veut pas dire manquer de rigueur dans son éducation, mais plutôt apporter plus de légèreté et ainsi renforcer un climat de confiance et de complicité avec ses enfants. »

(1) Rod A. Martin, « Do Children Laugh Much More Often than Adults Do ? », Association for Applied and Therapeutic Humor, 2005. Disponible en ligne sur www.aath.org«

POUR ALLER PLUS LOIN

• Marie Anaut, L’Humour, entre le rire et les larmes.Traumatismes et résilience, Odile Jacob, 2014.

• Françoise Bariaud, La Genèse de l’humour chez l’enfant, Presses universitaires de France, 1983.

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