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mardi 20 mai 2025
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Et si nos émotions étaient des alliées de la transition ?

Vers une écologie émotionnelle pour transformer nos liens, nos récits et nos engagements

🌿 Une transition à fleur de peau

Colère, tristesse, impuissance, émerveillement… Nos émotions sont aujourd’hui partout dans les discours militants, les éco-lieux, les groupes de parole, les écoles de permaculture ou les marches climat. Elles jaillissent, débordent, s’invitent là où on ne les attendait pas : au sein des collectifs, dans les réunions, dans nos choix de vie.

Et pour cause : dans un monde en bouleversement, faire face à l’état de la planète, aux inégalités, à l’incertitude radicale du futur ne peut plus être une démarche purement rationnelle. Il faut apprendre à accueillir, traverser et mettre en mouvement nos émotions, non pas pour les dompter, mais pour les honorer comme des ressources vivantes et politiques.

Joanna Macy, pionnière de cette approche, parle d’un “changement de cap civilisationnel” qui ne peut advenir sans une “révolution intérieure collective”. Et si, au lieu de considérer nos émotions comme des obstacles à surmonter, on les voyait comme des boussoles sensibles pour accompagner les transitions écologiques, sociales et culturelles ?

Une écologie du lien : comprendre les émotions comme forces vitales

Des émotions à ne plus censurer

Pendant longtemps, les émotions ont été considérées comme gênantes, voire contre-productives dans les espaces d’action. Trop “personnelles”, trop “instables”, pas assez “professionnelles”.

Mais des chercheurs, thérapeutes et activistes s’accordent aujourd’hui : réprimer nos émotions, c’est aussi freiner notre puissance d’agir. À l’inverse, les accueillir permet de réhabiliter une humanité sensible, plus apte à faire face ensemble aux grands défis.

Le “Travail qui relie” : une méthode pour transformer la douleur du monde

Développée par Joanna Macy dans les années 1980, cette pratique est aujourd’hui reprise dans des dizaines de pays. Elle repose sur une conviction forte : il est nécessaire de ressentir notre chagrin pour le monde, plutôt que de le fuir, pour qu’il devienne le terreau de nouvelles forces d’engagement.

Les ateliers du Travail qui relie s’organisent souvent en quatre étapes :

ÉtapeObjectif
1. S’ancrer dans la gratitudeSe reconnecter au vivant et au sentiment d’appartenance
2. Honorer sa peine pour le mondeReconnaître les douleurs écologiques, sociales, intimes
3. Changer de regardPasser d’une vision du monde individualiste à une vision interconnectée
4. Aller de l’avantExplorer des pistes concrètes d’engagement à partir de cet ancrage émotionnel

Ces cercles de parole permettent d’accueillir les émotions collectivement, avec bienveillance, dans un cadre ritualisé, souvent en nature. On y voit des larmes, des silences, mais aussi des éclats de rire, des intuitions fulgurantes et des liens très forts entre participant·es.

Vers une écologie de l’intelligence émotionnelle

De plus en plus de collectifs écologistes, d’ONG, d’associations, voire d’entreprises à mission, intègrent l’intelligence émotionnelle dans leurs processus de gouvernance et de communication.

Cela passe par :

  • la mise en place de temps d’écoute active et de régulation dans les réunions,
  • l’apprentissage de techniques comme la CNV (Communication NonViolente) ou le théâtre forum,
  • la formation de facilitateur·rices en intelligence collective,
  • l’usage de rôles tournants dédiés au climat émotionnel du groupe.

Dans un monde où l’épuisement militant, les tensions internes et la dissonance cognitive sont légion, savoir écouter, nommer et transformer les émotions devient un enjeu stratégique pour la résilience des collectifs.

4 émotions clés pour une écologie du lien

Conclusion : pour une transition sensible et incarnée

Faire de la place aux émotions, c’est accepter que la transition écologique n’est pas seulement une affaire de chiffres ou de CO₂, mais aussi de récits, de sens, de deuils à traverser, de joie à retrouver.

C’est reconnaître que l’écologie commence dans nos corps, nos relations et nos élans profonds, là où la tristesse de voir un arbre abattu peut réveiller un projet de forêt comestible, là où la peur peut rapprocher, là où la joie d’un cercle humain allumé autour du feu peut donner la force d’agir autrement.

Les émotions ne sont pas des freins. Ce sont les signaux faibles du vivant en nous, les indicateurs d’un monde qui cherche à se transformer.

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