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dimanche 15 juin 2025
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Les émotions des enfants : les comprendre pour mieux accompagner

Colères soudaines, pleurs incompréhensibles, crises de frustration : les émotions des enfants sont parfois intenses… et déconcertantes. Pourtant, elles sont normales, nécessaires, et même vitales. Apprendre à les décoder, à les accueillir sans les juger, c’est déjà offrir un espace sécurisant où l’enfant peut grandir. Et cela commence souvent par changer notre propre regard.

Il se jette au sol pour une chaussette. Elle explose en larmes parce que la pâte à tartiner est finie. Il tape parce qu’il n’arrive pas à exprimer ce qu’il ressent. Ces scènes quotidiennes peuvent épuiser les adultes, surtout lorsqu’elles semblent disproportionnées. Pourtant, ce que l’on appelle “crise” chez l’enfant est souvent un signal : celui d’une émotion qu’il ne sait pas encore nommer, ni réguler.

Les neurosciences nous apprennent que le cerveau émotionnel de l’enfant (le système limbique) est ultrasensible, tandis que les zones du cerveau rationnel (notamment le cortex préfrontal) — celles qui permettent de se calmer, de relativiser, d’analyser — sont encore en construction. Ce n’est donc pas une question de volonté, mais de maturité neurologique. L’enfant ne “fait pas une scène”, il est dépassé par ce qu’il ressent.

Dans ces moments-là, la tentation de réagir par le contrôle est forte : “Calme-toi !”, “C’est rien !”, “Arrête de pleurer !” Pourtant, ces phrases, souvent dites pour apaiser, n’aident pas vraiment. Elles invalident l’émotion. C’est comme dire à quelqu’un qui a froid : “Tu n’as pas froid.” L’effet est souvent l’inverse de celui recherché.

Accueillir l’émotion, ce n’est pas la cautionner. C’est reconnaître qu’elle existe. Dire “Tu es en colère parce que tu voulais encore jouer, et maintenant c’est l’heure du bain” ne veut pas dire qu’on revient sur la décision. Mais cela permet à l’enfant de se sentir compris, ce qui est la première étape pour s’apaiser.

Cela demande parfois de réapprendre à nommer les émotions, avec un vocabulaire simple : colère, tristesse, frustration, peur, excitation, jalousie… L’enfant qui apprend à dire “Je suis fâché” ou “Je suis inquiet” plutôt que de crier ou de frapper, fait un pas énorme dans la construction de son intelligence émotionnelle. Et cela s’apprend dans la relation.

Mais pour accompagner les émotions des enfants, il faut souvent commencer par les nôtres. Car quand l’enfant explose, c’est souvent notre propre réservoir émotionnel qui déborde. A-t-on appris, nous-mêmes, à accueillir nos colères ? Nos peurs ? Notre tristesse ? Bien souvent, la parentalité devient un miroir : elle nous pousse à grandir autant que l’enfant.

Cela ne veut pas dire qu’il faut “laisser faire”. Une émotion n’est pas une excuse pour tout. On peut accueillir la colère et poser une limite ferme : “Tu peux être en colère, mais tu ne peux pas taper.” On peut reconnaître une frustration et maintenir un cadre : “Tu n’aimes pas qu’on arrête le dessin animé, mais c’est l’heure de manger.”

Créer un espace émotionnel sécure, c’est offrir à l’enfant une base intérieure solide. Un jour, il saura mettre des mots, respirer, demander de l’aide. Mais pour cela, il a besoin d’un adulte qui tienne la tempête… sans la nier.

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