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dimanche 15 juin 2025
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La permaculture, ce n’est pas que du jardinage

Longtemps réduite à des buttes en spirale ou à des tomates sans engrais, la permaculture est bien plus qu’une méthode de culture. C’est une manière de repenser notre place dans le vivant, de coopérer avec la nature, mais aussi entre humains. Du sol au collectif, elle dessine une voie radicalement concrète pour habiter le monde autrement.

Demandez à n’importe qui ce qu’est la permaculture, on vous répondra souvent : “un potager sans pesticides”. C’est vrai — et faux à la fois. Car si elle est née de l’agriculture, la permaculture dépasse largement le simple fait de cultiver un lopin de terre. Elle propose un changement de regard sur nos modes de vie, d’organisation, et même de pensée.

Le mot “permaculture” vient de “permanent agriculture”, inventé dans les années 1970 par deux Australiens, Bill Mollison et David Holmgren. Leur idée était simple : concevoir des systèmes agricoles durables, en s’inspirant du fonctionnement des écosystèmes naturels. Observer la nature, en comprendre les équilibres, et les imiter — plutôt que de la contraindre.

Mais très vite, cette approche s’est élargie. Car les principes qui permettent de créer un jardin nourricier résilient peuvent aussi s’appliquer… à une entreprise, une école, une communauté. Les trois piliers fondateurs de la permaculture le montrent clairement :

  1. Prendre soin de la Terre
  2. Prendre soin des êtres humains
  3. Partager équitablement les ressources

Autrement dit, ce n’est pas une technique agricole, c’est une éthique. Et c’est cette éthique qui permet aujourd’hui à la permaculture de s’infiltrer bien au-delà des potagers.

Dans les villes, elle inspire des quartiers en transition, des jardins partagés, des tiers-lieux nourriciers. Dans les entreprises, elle donne naissance à des formes d’organisation coopératives, adaptatives, circulaires. Dans les collectifs citoyens, elle encourage une gouvernance organique, où l’intelligence de chacun est valorisée.

Prenons l’exemple d’un design permacole appliqué à un lieu de vie. On ne commence pas par dessiner un plan ou construire une serre. On commence par observer : le vent, la lumière, l’eau, les usages, les besoins, les flux. Puis on réfléchit à interconnecter les éléments : les toilettes sèches nourrissent le compost, qui nourrit les buttes, qui retiennent l’eau, qui accueillent les légumes, qui nourrissent les habitants, qui coopèrent avec leurs voisins… et ainsi de suite.

C’est là toute la force de la permaculture : penser en cercles, pas en lignes. Chercher la synergie, pas la solution unique. Ralentir, écouter, expérimenter, et corriger. Et comprendre que dans un système vivant, chaque élément remplit plusieurs fonctions — tout comme chaque besoin peut être comblé de plusieurs manières.

Mais attention à ne pas en faire une idéologie figée. Certains y voient une solution miracle ou un dogme vert. Or la permaculture n’est pas un modèle à copier, mais un cadre souple, basé sur l’observation et l’adaptation. Ce n’est pas l’esthétique du jardin qui compte, mais sa capacité à nourrir durablement — corps et lien social compris.

Et ce n’est pas réservé aux “bobos avec terrain” : la permaculture peut commencer sur un balcon, une fenêtre, une cour d’école, ou même… dans la façon dont on s’organise en famille ou au travail.

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