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vendredi 6 juin 2025
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La fin des barbecues ? Penser les repas d’été autrement

Le barbecue est devenu un rituel de l’été. Mais entre surconsommation de viande, charbon importé et gaspillage, son impact écologique interroge. Plutôt que d’y renoncer, et si on le réinventait ? Recettes végétales, cuisson douce, convivialité partagée : place à une fête plus consciente.

Saucisses, brochettes, entrecôtes grillées à la flamme… Pour beaucoup, l’été sent le barbecue. Ce rituel convivial, bien ancré dans l’imaginaire collectif, est devenu presque incontournable dès que les beaux jours reviennent. Mais derrière la légèreté apparente de ces repas en plein air se cache une réalité écologique difficile à ignorer. Viande à outrance, charbon de bois importé, déchets non triés : l’addition est lourde pour la planète.

Alors faut-il renoncer à ces repas d’été ? Ou est-il possible de les réinventer sans en perdre l’esprit ? De plus en plus de citoyen·nes, de collectifs, de chefs engagés s’y attellent, en imaginant des alternatives festives, végétales et durables. Et si la convivialité pouvait s’émanciper de la combustion animale ?

Le barbecue : un symbole qui pèse lourd

En France, les ventes de viande à griller explosent chaque été. Pic de consommation de bœuf, de porc, de poulet : les barbecues sont souvent synonymes de surconsommation carnée. Or, on le sait désormais, la viande — en particulier rouge — est l’un des aliments les plus émetteurs de gaz à effet de serre, notamment à cause de l’élevage industriel, des émissions de méthane, de la déforestation liée à la culture du soja pour l’alimentation animale.

Autre problème : le combustible. Le charbon de bois utilisé dans la majorité des barbecues domestiques provient très souvent de forêts tropicales exploitées illégalement, notamment en Afrique ou en Asie. Résultat : non seulement la viande pose un problème écologique, mais le moyen de la cuire aussi.

Sans parler des emballages plastiques à usage unique, des sauces industrielles suremballées, de la vaisselle jetable, des boissons sucrées ou alcoolisées souvent issues de grandes marques peu vertueuses… Le barbecue type concentre ainsi bon nombre d’impacts à la fois environnementaux, sanitaires et sociaux.

La convivialité, autrement

Mais la convivialité ne réside pas dans la fumée ni dans la viande. Ce sont les rires, le temps partagé, la lenteur d’un repas en plein air qui font la richesse de ces moments. Et sur ce terrain, rien n’empêche d’innover.

De nombreux particuliers et restaurateurs engagés imaginent désormais des repas estivaux sans viande, tout aussi gourmands et rassembleurs. Ce n’est pas une punition : c’est un champ de créativité.

À la place des traditionnelles brochettes animales, on voit fleurir des :

  • brochettes de légumes marinés (courgette, poivron, champignon, oignon rouge),
  • tofu fumé ou tempeh grillé aux épices,
  • galettes maison de lentilles corail ou de pois chiches façon falafel,
  • aubergines entières confites au barbecue, accompagnées de tahini citronné,
  • épis de maïs grillés, patates douces braisées, pain pita chaud au feu de bois…

Même les sauces se réinventent : chimichurri à l’ail des ours, houmous de betterave, tapenade maison, pesto de fanes. On partage, on picore, on compose soi-même son assiette. Et surtout, on redonne de la place au végétal sans renoncer au plaisir.

Réinventer le rituel

Repenser le barbecue, ce n’est pas juste changer le menu : c’est aussi revisiter la manière de faire. Pourquoi ne pas en faire un moment plus doux, plus lent, moins bruyant ? Moins centré sur la viande, plus ouvert à l’échange.

Cela peut vouloir dire :

  • Cuisiner à plusieurs en amont, en mode “atelier” participatif.
  • Revaloriser les légumes locaux du marché ou du jardin.
  • Utiliser un barbecue solaire, un brasero à bois local, ou même une plancha électrique à énergie renouvelable.
  • Troquer la bière industrielle contre des infusions maison, des vins natures ou des limonades artisanales.
  • Bannir la vaisselle jetable au profit de contenants durables.
  • Et pourquoi pas… cuisiner sans feu ? Pique-niques végétaux, salades composées, tartinades et pains fermentés sont aussi des fêtes en soi.

Une transition joyeuse, pas une privation

Il ne s’agit pas de “punir” les amateurs de barbecue, mais de rappeler que les plaisirs de l’été n’ont pas besoin d’être carbonisés. Nous sommes à une époque où chaque geste compte, et où repenser nos habitudes collectives peut devenir un jeu, un plaisir, une source d’inspiration.

Faire un barbecue végétal n’est pas un acte militant austère : c’est ouvrir un espace pour réconcilier gourmandise, conscience et lien social. C’est faire le pari que la joie ne se résume pas à ce qu’on met dans l’assiette, mais à la manière dont on la partage.

Le barbecue, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, appartient peut-être à un ancien monde. Le défi est de préserver l’esprit de ces moments — chaleur, détente, amitié — tout en imaginant une autre forme de fête. Une fête où la planète est aussi invitée à table.

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