Et si les immeubles devenaient des mini-centrales solaires ? Si les habitants produisaient et partageaient eux-mêmes leur électricité, en toute autonomie ? C’est le principe de l’autoconsommation collective, une solution énergétique prometteuse… mais encore émergente, surtout en milieu urbain. Enquête sur les premières expériences concrètes qui cherchent à faire rimer ville et énergie partagée.
Autoconsommer à plusieurs : de quoi parle-t-on ?
L’autoconsommation, c’est le fait de consommer sa propre production d’électricité, généralement solaire. Dans le cas de l’autoconsommation collective, plusieurs utilisateurs (ménages, commerces, écoles…) mutualisent une installation de production située à proximité et partagent l’énergie produite, selon une clé de répartition prédéfinie.
Depuis 2017, un cadre juridique permet ce type de montage, à condition que :
- les participants soient situés dans un périmètre de 2 km autour de l’installation (20 km depuis 2023 si la commune est rurale),
- un organisme gestionnaire coordonne le projet,
- une répartition contractuelle soit déposée auprès d’Enedis.
En ville, une équation plus complexe
En théorie, l’autoconsommation collective est particulièrement pertinente en ville : les toitures sont nombreuses, les besoins en énergie concentrés, les distances courtes. Pourtant, les projets peinent encore à se généraliser, en raison de freins techniques, juridiques et économiques.
« Il faut convaincre une copropriété entière, gérer la répartition, dialoguer avec les fournisseurs d’énergie… C’est un vrai chantier collectif », explique Olivier Balez, coordinateur chez Enercoop.
Quels bénéfices concrets ?
- Réduction de facture : selon la configuration, les habitants économisent entre 10 % et 30 % sur leur consommation.
- Autonomie locale : une partie de l’électricité est produite sur place, ce qui limite la dépendance aux fluctuations du marché.
- Éducation énergétique : les habitants suivent leur consommation, apprennent à mieux la gérer, et parfois participent à des gouvernances collectives.
- Mobilisation citoyenne : les projets renforcent le lien local entre voisins, collectivités et associations.
Les défis à surmonter
- Financement initial : coût des panneaux, du raccordement et du pilotage
- Complexité juridique : statuts, contrats de répartition, interactions avec Enedis et les fournisseurs
- Mobilisation des copropriétés : nécessité d’un fort engagement collectif en amont
- Cadre fiscal encore flou : notamment sur la revente de surplus et la gestion des excéden