À la fois aromatique, médicinale et facile à cultiver, la menthe incarne une transition douce et joyeuse. Infusions, sirops, remèdes maison ou boutures entre voisin·es : cette plante populaire a bien plus à offrir qu’un simple parfum.
Fraîche, piquante, vivace, parfois envahissante… La menthe traverse les saisons, les cultures et les usages avec une étonnante liberté. Présente dans les jardins urbains comme sur les rebords de fenêtre, dans les tisanes comme dans les taboulés, elle est une plante populaire, accessible et pleine de ressources. Elle incarne une forme de simplicité végétale : modeste, mais puissante.
Et si l’on apprenait à redécouvrir la menthe autrement ? En la cultivant soi-même, en la cueillant avec respect, en la préparant sans déchets ni artifices. Parce qu’au-delà de son parfum, la menthe raconte aussi une manière d’habiter le monde : plus locale, plus sensible, plus autonome.
Une plante de transmission
La menthe est l’une des plantes médicinales les plus anciennes du monde. On la retrouve dans les pharmacopées chinoises, égyptiennes, grecques. Elle était utilisée pour apaiser les douleurs digestives, les maux de tête, les troubles respiratoires, ou encore comme tonique doux.
Aujourd’hui encore, la menthe reste un pilier des jardins de grand-mères, transmise de balcon en balcon, de village en ville. Peu exigeante, elle pousse partout — à tel point qu’elle peut parfois être considérée comme “envahissante”. Mais c’est justement ce qui fait sa force : la menthe est une plante du peuple, résistante, généreuse, autonome. Elle pousse sans engrais, sans produits chimiques, sans traitement.
Il suffit de quelques tiges en terre ou dans une jardinière, à l’ombre ou en mi-soleil, et elle repart. En ville, elle fait partie des plantes qui permettent de retisser un lien vivant entre quotidien et autonomie alimentaire.
Une alliée santé et bien-être
La menthe, ce n’est pas qu’un parfum ou une saveur. C’est une plante aux multiples vertus médicinales, reconnues par les traditions populaires mais aussi par la phytothérapie contemporaine.
Usages | Bienfaits |
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Infusion digestive | Soulage ballonnements, nausées, digestion lente |
Inhalation | Décongestionne les voies respiratoires (menthe poivrée) |
Huile essentielle | Antalgique local, stimulant, contre le mal des transports |
Bain de bouche maison | Rafraîchissant, antibactérien doux |
Application locale (infusion refroidie) | Apaise les piqûres d’insectes ou les coups de soleil |
À noter : la menthe poivrée est plus puissante (et plus concentrée en menthol) que la menthe verte ou la menthe douce. Elle est donc à manipuler avec précaution, surtout chez les enfants ou les femmes enceintes.
Ce qu’on oublie souvent, c’est que les simples du jardin — menthe, verveine, mélisse, thym — sont souvent plus efficaces, plus accessibles et plus écologiques que de nombreux produits industriels.

Une herbe rebelle à cultiver et à partager
En ville comme à la campagne, la menthe est une invitation à cultiver ses propres plantes. Elle pousse très bien en pot, en bac, sur un balcon ou une terrasse. Elle n’aime pas être seule : plus on la taille, plus elle s’épanouit. Elle adore les sols humides et les recoins ombragés.
Plutôt que de l’acheter sous plastique dans les grandes surfaces, on peut en planter une bouture offerte, échangée, transmise. Un verre d’eau suffit pour qu’elle prenne racine.
Quelques idées concrètes :
- Créer une haie aromatique de menthes variées (verte, poivrée, marocaine, chocolat…).
- Réaliser ses sirops maison : 50 g de feuilles, 50 cl d’eau, 300 g de sucre, à chauffer doucement puis à filtrer.
- Composer un vinaigre infusé à la menthe et aux baies de sureau.
- Faire sécher les feuilles sur un torchon propre à l’air libre, puis les conserver en bocal pour l’hiver.
À une époque où la consommation est industrialisée, ces gestes simples sont des formes d’émancipation douce. Produire son propre goût, soigner avec des feuilles, offrir un plant à un·e voisin·e : autant d’actes minuscules mais porteurs de sens.
Une plante politique ?
La menthe peut sembler banale. Mais à y regarder de plus près, elle devient un symbole discret d’une transition joyeuse : faire mieux avec peu, retrouver des savoirs pratiques, refuser les dépendances inutiles, et redonner une place au soin dans le quotidien.
Refuser d’acheter un produit transformé à base d’arômes artificiels, de sucres ajoutés et de packaging plastique, pour faire son propre sirop ou sa tisane du soir, c’est déjà faire un pas. Un geste modeste, mais porteur d’une autre relation à la nature : moins extractive, plus réciproque.
La menthe n’est ni rare, ni chère, ni spectaculaire. Et c’est précisément ce qui en fait un trésor. Elle pousse là où on ne l’attend pas, elle soigne sans bruit, elle se transmet sans argent. Elle nous rappelle que la simplicité, le soin et le goût peuvent être gratuits, partagés, et profondément vivants.